Programmation culturelle-commissariat d'exposition
Activation de l'oeuvre de Joachim Mogarra, Sixtine Dubly
Blés sauvages /Bouquet perpétuel
MECA, FRAC Nouvelle Aquitaine, Bordeaux
2019-2020
"En choisissant de cueillir des graminées sauvages, héritées du néolithique, avant le commencement de l'agriculture, je veux souligner la préciosité de ses herbes sans noms qui courent au bord des chemins. De ces semences intellectuellement et physiquement libres, non cataloguées et non génétiquement modifiées. Des herbes à grains qui ont le pouvoir d'agir par la mixité, de la fécondation et de la migration, contre l'entropie mortifère des populations cultivées. Un fait documenté, qui a sur nous des répercussions de l'ordre de l'appauvrissement, de plus en plus inquiétantes, qu'elles soient visuelles, auditives, nutritives ou psychiques. " Sixtine Dubly
Blés sauvage est une activation de l'oeuvre de Joachim Mogarra, Bouquet perpétuel (1988) conçue sous forme de protocole par l'artiste dans une lettre adressée à son galeriste : "Bouquet perpétuel se compose d’un bouquet de fleurs disposées dans un vase, éventuellement posé sur un socle. Sa particularité réside dans le choix du vase, du socle et des fleurs par le commissaire d’exposition. Son entretien est confié à l’institution qui l’accueille. Joachim Mogarra affirme ainsi une forme de délégation du geste artistique à un tiers, selon un protocole défini dans un courrier qui a valeur de contrat. Dans une lettre à Jean-François Dumont, son galeriste, en 1988, il précise : « J’ai pensé sur le chemin du retour à ce bouquet et je crois que le fait de l’entretenir quotidiennement lui donnera une dimension autrement plus importante. […] Le bouquet peut varier selon les saisons et l’humeur des personnes affectées à son entretien. Il peut être un superbe ikebana ou un simple bouquet de coquelicots, au gré des promenades. Il dit par-là que le geste artistique est un engagement de tous les jours, une mission et une quête dont on hérite, à laquelle on travaille, qu’on lègue. Perpétuation de l’œuvre commune, idée de solidarité et vision édénique du monde… Le fait d’être plusieurs à l’entretenir a pour moi un rapport avec le geste de passer la flamme olympique, celui de poser sa pierre à l’édifice commun, ou encore la course de relais… ». Cette œuvre est le reflet de ceux qui lui donnent son existence, une sorte d’« autoportrait ".
Ci-contre : roseaux à massette, blés, pavots, fleurs de carotte, graminées
