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Littérature - art

Art, résidence d'écriture, Sixtine Dubly

 

 

Domaine du Rayol, Jardin des Méditerranées (83)

2023

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En avril 2023, le Domaine du Rayol, Jardin des Méditerranées, accueillait une artiste en résidence dont le projet est intimement lié aux savoir-faire jardiniers et botaniques, et à l’expertise d’une équipe dédiée au patrimoine végétal méditerranéen du Domaine du Rayol, réparti sur 20 hectares, et propriété du Conservatoire du Littoral.

« Les jardiniers ont cette faculté de disparaître dans le végétal. Cette fusion des corps, imaginée, m’a toujours fascinée. J’ai supposé qu’ils avaient développé des facultés, un langage, à partir du lien qui est le leur, notamment par le biais des gestes et des outils. Leur vocabulaire emprunte à la médecine, à la mort, à la vie, à l’humour. J’ai travaillé pendant ma résidence sur le champ lexical du contact, de la relation, de l’attachement et sur son ambiguïté, qui est le propre de toute relation entre vivants. Je les ai observés, j’ai comme eux, touché, griffé, pincé. Nous avons échangé autour du transplantoir, du râteau et de leur interprétation quotidienne des paysages de Gilles Clément. »

Alors que son concepteur, le jardinier-paysagiste Gilles Clément, a conçu le Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées, comme un lieu d’émotions et d’expérimentations continues, Sixtine Dubly est partie du postulat que ce jardin était aussi un avant-poste amical de la plante et de l’humain. Elle s’est inspirée de la définition de l’amitié de Gilles Deleuze* qui évoque la perception et le charme pour déceler, sentir et raconter ce qui s’échange et se lie, sans être tout à fait dit, entre les plantes et les jardiniers. L’artiste s’est enjardinée dans ce sillage végétal. Elle a conçu sa résidence autour du champ lexical du jardinier et pris pour point d’appui les outils et les gestes. Elle place le jardinier et son expertise au centre de sa résidence d’écriture. Cette volatilité de l’amitié, qui nous échappe, et ouvre à une nouvelle vision de la Flore, est aussi le propos d’un travail céramique que l’artiste mène en parallèle.

*« L’amitié est une affaire de perception, ce n’est pas à partir d’idées communes, mais d’un pré langage commun. Il y a là un grand mystère (…), une perception du charme. Le charme c’est un geste, une pensée avant qu’elle soit signifiante, une pudeur, ce sont des sources de charme qui vont jusqu’aux racines vitales. C’est comme ça qu’on devient l’ami de quelqu’un. »

 

*L’abécédaire de Gilles Deleuze, entretiens avec Claire Parnet, réalisateurs

Pierre-André Boutang, Michel Pamart, 1988-1989.​​

Voir : Art-Littérature - Femme agreste, Série agreste

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